Cessez-le-feu confirmé entre Kinshasa et le M23 à Doha

admin, Journaliste
25 Apr. 2025
À Goma, les habitants ont appris la nouvelle avec prudence. Ce jeudi 24 avril, le gouvernement congolais et le M23 ont annoncé un cessez-le-feu immédiat, après plusieurs jours de négociations directes à Doha, au Qatar. Un accord qui redonne espoir à une population usée par des mois de violence, mais qui reste sur ses gardes face aux précédents engagements non tenus.
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Un engagement signé pour stopper les combats

Le jeudi 24 avril à Kinshasa, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a pris la parole à la télévision nationale. Face aux journalistes, il a confirmé que le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du M23 ont convenu d’un cessez-le-feu immédiat. Cette décision a été prise à l’issue d’une série de négociations directes à Doha, capitale du Qatar.

« Le processus a franchi une étape décisive », a déclaré le ministre. « C’est la première fois que nous obtenons une déclaration conjointe avec l’AFC-M23. »

Pour les habitants de l’Est du pays, régulièrement déplacés ou menacés par les combats, cette annonce marque une pause attendue dans une guerre sans fin.

Ce que contient l’accord

Signé à Doha, cet accord inclut plusieurs engagements clairs :

  • Arrêt immédiat des hostilités entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les combattants du M23 ;
  • Rejet de toute forme de discours de haine, notamment sur les réseaux sociaux ;
  • Respect du droit international humanitaire, particulièrement envers les civils dans les zones occupées ;
  • Poursuite du dialogue, avec la médiation du Qatar et d’autres partenaires régionaux.

Le ministre Patrick Muyaya a insisté sur le fait que le gouvernement congolais reste vigilant et souhaite que cette trêve soit respectée sur le terrain. « C’est maintenant qu’il faudra observer les faits. Ce n’est pas une simple signature, c’est un engagement à traduire en actes. »

Ce que vivent les familles sur place

À Rutshuru, Nyiragongo ou Masisi, zones régulièrement touchées par les affrontements, les habitants n’ont pas encore vu le changement. Vendredi matin, les rues de Goma étaient calmes, mais la peur restait présente. Un chauffeur de moto-taxi confie :

« On a déjà entendu des annonces comme ça. Mais ensuite, les balles recommencent à siffler. Si vraiment ils s’arrêtent cette fois, ce sera un soulagement. »

Une mère de famille déplacée depuis février, installée à Kanyaruchinya, raconte :

« Les enfants dorment encore sur des bâches. Si le cessez-le-feu tient, peut-être qu’on pourra rentrer. Mais on ne croit plus aux paroles, on veut voir. »

Une pression diplomatique renforcée

Ce cessez-le-feu ne tombe pas du ciel. Il s’inscrit dans une tension diplomatique croissante autour du conflit dans l’Est de la RDC. Depuis plusieurs semaines :

  • Les États-Unis ont sanctionné plusieurs figures du régime rwandais, suspectées de soutien au M23.
  • La Grande-Bretagne a suspendu sa coopération militaire avec Kigali.
  • Des résolutions ont été adoptées au sein du Conseil de sécurité de l’ONU (notamment la résolution 2773) et de l’Union africaine pour soutenir une solution négociée.
  • Des réunions ont eu lieu à Luanda en décembre, puis à Doha en mars, posant les bases de l’accord d’aujourd’hui.

Patrick Muyaya a rappelé : « Il faut relire la déclaration conjointe du 18 mars à Doha. C’est là que tout a commencé. Aujourd’hui, nous récoltons les fruits de cette démarche. »

Des obstacles encore présents

Malgré cette avancée, les doutes restent nombreux :

  • Le M23 contrôle encore plusieurs localités stratégiques dans le Nord-Kivu.
  • Les retours de déplacés sont encore impossibles, faute de garanties sur la sécurité.
  • Aucune feuille de route concrète n’a encore été rendue publique pour désarmer les groupes rebelles.

Un acteur de la société civile de Goma souligne :

« Il faut que les Nations Unies, la CIRGL, l’Union africaine et les pays voisins s’impliquent vraiment. Sinon, ça va encore retomber. »

Une paix encore fragile, mais espérée

Dans les quartiers populaires de Goma ou Bukavu, les conversations tournent autour de cette annonce. Certains y voient une manœuvre politique avant les grandes échéances. D’autres, plus optimistes, y trouvent un espoir de reconstruction.

Un enseignant du primaire, déplacé depuis six mois, conclut :

« Même si c’est fragile, on veut y croire. On est fatigués. Ce pays peut pas rester éternellement en guerre. Si les autorités nous disent qu’ils ont signé pour la paix, qu’ils le prouvent. »

À suivre, donc, sur le terrain, dans les jours et les semaines qui viennent. Car en RDC, comme le disent souvent les anciens : “la paix ne se signe pas sur papier, elle se gagne avec les actes.

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